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Poubelle

Polémique sur les « déchétariens »

Pratique autrefois réservée aux clochards et aux pauvres, s’approvisionner en nourriture dans les conteneurs à ordures des supermarchés et des restaurants est à présent regardé d’une nouvelle manière. Depuis quelques années, un mouvement provenant de New-York et appelé « les freegans » (traduit par déchétariens) fait parler de lui, notamment à Montréal et sur sa Rive-Sud. Depuis qu’un déchétarien a interpellé les élus du Mile-End en 2013 afin de protester pour le libre accès aux conteneurs des commerçants du quartier, tout le monde considère les déchets d’un autre œil. Quelles sont les motivations des déchétariens et les obstacles rencontrés? Que nous dit la loi sur cette pratique?

Conteneurs à déchets et loi

Il faut tout d’abord savoir que pour la Cour Suprême du Canada qui a du faire face à de nombreux litiges entre commerçants et déchétariens durant les dernières années, le citoyen renonce à la propriétés des biens qu’il place dans des lieux destinés au ramassage. La loi nous dit donc qu’en plaçant des biens dans des conteneurs destinés au ramassage des déchets, le citoyen renonce à tous ses droits de propriétés car il fait ainsi acte de sa volonté de les abandonner. Si vous êtes commerçant et que vous souhaitez chasser des déchétariens fouillant les bennes et conteneurs à proximité de votre commerce, sachez que vous n’en avez aucunement le droit (sauf si le conteneur se situe encore sur un terrain vous appartenant, dans une cour de jardin par exemple). Une fois que le déchet est placé sur la voie publique, toute personne peut en prendre possession. Comment expliquer pourtant que les élus se soient prononcés en défaveur du déchétarien qui souhaitait interdire la restriction d’accès aux conteneurs placés sur la voie publique (en raison des cadenas souvent placés par les commerçants)? Pour les élus, la demande a été refusée car il était dans la pratique impossible de rendre une telle loi applicable, car il est impossible de surveiller l’accessibilité de tous les conteneurs. C’est donc sur le terrain citoyen qu’un véritable bras de fer doit se jouer entre les commerçants et les déchétariens. Car tous les supermarchés et les restaurateurs ne mettent pas des cadenas seulement par pur égoïsme mais parque les déchétariens laissent souvent des déchets au sol, ce pourquoi les commerçants écopent ensuite de lourdes amendes pour l’état des voies publiques à proximité de leur restaurant ou de leur magasin.

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Poubelle

Trouver le bon compromis

A l’origine du mouvement des déchétariens, il y a donc un vrai coup de gueule contre une consommation vertigineuse, qui produit environ 20% d’aliments qui finiront à la poubelle. A l’échelle du monde, cela représente plus d’un milliard de tonne de déchets pourrissant dans des conteneurs à ordures alors qu’une grande partie est jetée pendant qu’elle était encore consommable. Les déchétariens ne sont donc pas toujours motivés par des raisons économiques, mais leur pratique est aussi un acte militant en faveur d’une société plus respectueuse de l’environnement, plus responsable et plus sobre dans ses dépenses énergétiques et matérielles. Il faut savoir que ces milliards de tonnes de déchets sont tout simplement destinées aux centres de transbordement où ils seront compactés et compressés dans de grands conteneurs à matières résiduelles, par des entreprises comme Serichelieu. Le mouvement des déchétariens est donc aussi un appel aux autorités pour mettre en place des lois et des organismes pouvant améliorer la récupération des déchets consommables. Cependant le point de vue des commerçants est aussi à prendre en compte, et il n’est pas normal qu’ils soient pénalisés par des amendes en raison d’une récupération peu propre et négligée des déchétariens. Pour faire avancer les mentalités et permettre une amélioration de ces pratiques de récuparation dans les conteneurs à déchets, il faudrait donc non seulement des efforts pour une meilleure information citoyenne, mais surtout une volonté de l’Etat pour encadrer la récupération et le tri des déchets périssables, en passant peut-être par des partenariats avec les grandes associations de secours populaire.

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